Virilio Paul

59321

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Né à Paris en 1932, marqué par l’expérience de la guerre, la Blitzkrieg de 1940 et les bombardements de Nantes, où il dit avoir pour la première fois éprouvé ce qu’un jour il appellera l’« esthétique de la disparition ». Cette fascination fera de lui un philosophe de la technique et de la vitesse, de la désintégration des territoires, de l’apocalypse qui est peut-être à venir.

La paix rétablie, il découvre sur les plages de l’Atlantique les blockhaus de l’organisation Todt, ces puissantes architectures en attente face au vide et à l’horizon et, dès lors, il s’intéresse au paysage de la guerre, y compris dans sa dimension technique. Sa démarche est esthétique et philosophique. Esthétique, car il est d’abord captivé par la plasticité massive des bunkers qu’il photographie durant des années, travail qui aboutira, en 1975, à l’exposition « Bunker archéologie ». Dans la sensibilité de l’époque, la modernité de ces monolithes fait écho à cette nouvelle expressivité du béton armé, dite brutaliste, qui se développe dans le sillage de Le Corbusier » ».

Un moment maître verrier, il crée en 1963 avec Claude Parent le groupe Architecture principe, qui décrète la fin de l’horizontale et de l’angle droit et défend la « fonction oblique » dans laquelle le corps se mouvrait dans l’instabilité et l’équilibre dynamique. Ils construisent ensemble l’église Sainte-Bernadette à Nevers (1963-1966), « répulsive » coque de béton inspirée des bunkers. Son engagement dans le mouvement de 1968 mettra un terme à cette collaboration. Il enseigne à l’École Spéciale d’architecture (qu’il dirigera puis présidera ensuite) et, de l’esthétique du bunker à celle de l’immatérialité, conserve une grande influence sur la réflexion architecturale, notamment celle de Jean Nouvel.

Du point de vue professionnel, c’est un marginal. Il se déclare urbaniste, ce qui pourrait sembler paradoxal de la part de celui qui annonce la dissolution de la métropole moderne et affirme que les sites ne sont plus qu’une persistance (comme la rétinienne). Philosophe et penseur de la ville, ou de sa fin, il est devenu une manière de prophète de la catastrophe. Analysant la guerre comme étant la mère de toute chose et notamment de l’urbanisme (qu’une autre tradition voit naître du commerce), il commente l’Insécurité du territoire, qui n’aurait d’existence que par la technologie et qu’il invite à bien distinguer du terroir.

Théoricien de la vitesse, du virtuel, de l’instantané, de l’immatérialité et de la délocalisation, il annonce une disparition de l’espace dont on ne sait si elle est un cauchemar ou une prémonition, si elle relève d’une poétique de visionnaire ou de la simple et lucide observation des tendances. Entre surveillance, téléachat, télétravail et cybersexe, il nous prédit un univers de science-fiction, un destin de citoyen terminal (d’ordinateur), dans une ville virtuelle qui n’est nulle part, règne partout, « discrédite toutes les villes réelles, et en fait des banlieues ».

Il a notamment collaboré aux revues Esprit, Cause commune, CritiqueTraverses et Urbanisme.

(François Chaslin)

http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=livAut&auteur_id=2051 

 

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