EN DÉCOUDRE !

ATELIER ET EXPOSITION DE PHILIPPE JACQ

ESPACE APOLLONIA

DU 15 MARS AU 5 MAI 2024

Autodidacte et pluridisciplinaire, Philippe Jacq (né en 1971) développe un art qui se concentre sur le concept de l’hybridation culturelle. Il s’intéresse ainsi à toute forme d’iconographie populaire et religieuse, sans hiérarchie ni limite, à tous les pays et toutes les croyances. Il est vivement intéressé par l’exploitation de différents textiles, tissus et peintures.

Avec ce projet de frise géante composée de tissus, il flâne volontiers dans les brocantes et les souks pour dénicher des tapis, broderies, affiches et objets variés qu’il assemble ensuite. La réappropriation de ces éléments glanés au cours de ses voyages témoigne d’un univers personnel multiculturel foisonnant, sans codes stricts ni contraintes, où les représentations et les références cohabitent et oscillent entre l’Orient et l’Occident.

Détails des créations de Philippe Jacq

Jouant fréquemment avec les symboles, l’artiste les réunit et les détourne à l’envi pour produire des compositions impertinentes et des narrations éclatées.

Philippe Jacq se distance délibérément d’un discours politique ou conceptuel et préfère se positionner plutôt comme proche de l’art singulier, avec l’utilisation de matériaux « pauvres », souvent recyclés ou détournés à travers une méthode propre à l’artiste .

Pour l’Espace Apollonia, Philippe Jacq propose une installation immersive in situ, une fresque patchwork composée d’œuvres reliées entre elles comme un puzzle où tout se combine, pour former un ensemble homogène en 3D et raconter ses 50 ans de vie.

Pour ce faire, l’artiste souhaite faire émerger de nouvelles dynamiques dans la réalisation de son exposition : à travers un atelier participatif solidaire du 13 février jusqu’au 10 mars 2024, l’équipe d’Apollonia, des bénévoles, des membres du public d’Apollonia, des travailleurs en insertion venant d’Emmäus Mundo et du groupe Vetis, des compagnons d’Emmäus Scherwiller, ainsi que des étudiants en stylisme et en arts plastiques, travaillent ensemble à la confection de l’œuvre patchwork de Philippe Jacq.

Photographies de l’atelier participatif solidaire

Les rencontres et les échanges entre l’artiste et les autres acteurs de ce projet d’atelier permettent de mettre en avant des questionnements tels que : que signifie faire communauté ? Comment représenter la multiplicité et la richesse des parcours des individus de cette communauté ? Comment construire une oeuvre commune ? Comment mettre en image une mémoire à la fois individuelle et collective ?

À cela s’ajoute aussi une réflexion écologique : cette œuvre patchwork sera composée uniquement de tissus destinés au recyclage. Des quatre semaines de travail collectif minutieux orchestré par Philippe Jacq résultera une exposition visible du 15 mars au 5 mai 2024 à l’Espace Apollonia.

Philippe Jacq est représenté par la Galerie Delphine Courtay à Strasbourg.

Image de simulation de l’exposition de Philippe Jacq à Apollonia

« Dans les rues chaudes d’Oran en Algérie, nous jouions au foot entre copains de quartier avec un beignet de caoutchouc. Objet que nous fabriquions avec des rondelles découpées dans une chambre à air de bicyclette.

Nous tracions à la craie notre terrain de jeu sur le bitume
Délimiter un territoire et jouer c’est ce que je fais encore aujourd’hui dans mon atelier.

Je récolte beaucoup de tissus au cours de mes voyages. Dans mes stocks, du sol au plafond il y a de tout, des tapis du Tinariwen où vivent les touaregs nomades, mais aussi des tee-shirts floqués ou sérigraphiés aux motifs colorés et des tapisseries trouvées sur les trottoirs en bas de chez moi…

J’aime me balader et me perdre dans les grandes capitales européennes, là ou se concentrent les populations issues de l’immigration. Du quartier chinois de Paris au quartier pakistanais de Londres en passant par le Kreutzberg à Berlin, il y a tellement de lieux qui m’inspirent.

Nos sociétés sont pluriethniques, multi-confessionnelles, mes tableaux en sont l’expression.

J’utilise les codes et les symboles universels, je les mixe entre-eux, sans censure, sans me soucier des antagonismes et du communautarisme qui écrase. Mon univers est syncrétique avant tout.

Comme l’araignée je tisse, patiemment, un réseau complexe de formes et de mots, délimitant des zones picturales, des espaces, traçant des rhizomes entre l’occident et l’orient, l’Europe, où je vis aujourd’hui, et l’Afrique où je suis né.

Le fil pour recoudre la mémoire et tendre l’arc. »

Extrait de © Quartier Général, Broderies d’un monde vivant

Philippe Jacq