Fenêtres sur Mers

expositions – projections – édition, Mur de Berlin 20 ans après

10 mai – 20 juin 2009

Strasbourg

Anila RUBIKU « Houses of the rising sun », 2005

Artistes : Kosta Tonev (Bulgarie), Ibro Hasanovic (Bosnie-Herzégovine), Anila Rubiku (Albanie), Artur Klinov (Bélarus), Aneta Grzeszykowska & Jan Smaga (Pologne), Michael Bielicky (République Tchèque)
IRWIN (Slovénie)

Partenaires

Dossier de presse


Face à la mer, les bras ouverts, Tadeusz Kantor réalise le 23 août 1967 près d’Osiek son « happening panoramique de la mer ». L’image de ce « concert maritime » de l’artiste contestataire polonais est chargée de symboles et de métaphores, révélant sans doute la volonté de mettre en question les lieux et les méthodes de la création tout en proposant un nouveau regard sur l’Europe et sur sa culture.

« Fenêtres sur Mers » est une série de manifestations mise en œuvre par apollonia quatre autres membres du réseau ARTVENTURE – Visual Art Network. L’idée nourricière de ce projet est d’envisager l’espace européen du point de vue de son littoral, de penser l’Europe et sa pluralité culturelle à partir de ses mers, de ses espaces limitrophes (Michel Roux). Envisager une nouvelle topologie de notre continent nous a permis de réfléchir à des situations artistiques qui en découlent comme la question des limites dans la création contemporaine (Paul Ardenne).

Avec « Fenêtres sur Mers », nous souhaitons remettre en question la cité idéale qui, selon Platon, devait se situer loin de la mer et détournée de tous ceux qui viennent d’elle. Notre approche s’efforce de contester cet espace idéal, ce lieu privilégié qu’est la métropole. Cette dernière se développe parfois de telle manière qu’elle occulte la présence des villes alentour et leurs extraordinaires richesses.

Notre volonté est de soumettre au public un autre concept cartographique s’appuyant sur des projets imaginées par des commissaires d’expositions et des artistes issus de régions méconnues, décriées, mal-aimées, voire mal famées… Nous nous sommes, en effet, rendus compte que la création artistique, située en marge du système centraliste et globalisant qui s’applique à une grande partie des structures culturelles, est loin d’être dénuée d’intérêt. Et plus encore, cette exclusion a permis à certains des artistes de développer des opinions critiques et des réflexions alternatives. Tenir compte de ces différences, c’est se confronter réellement à l’altérité… C’est accepter de mettre à l’épreuve nos valeurs.

« Fenêtres sur Mer » est l’aboutissement d’un travail de recherches réalisé à travers des voyages de prospection et des rencontres avec les acteurs culturels de notre littoral européen. De la mer Baltique à la Méditerranée, en passant par la mer Noire. Mais pas seulement. Les activités du réseau ont accordé une place particulière aux artistes, aux commissaires d’exposition et aux critiques qui envisagent la création artistique comme un outil de dépassement.

De fait, nous nous sommes intéressés à la question des frontières – espaces limitrophes, terres des minorités, zones d’invasions, lieux d’échanges et de conflits, histoires des migrations. Les mers sont, pour nous, à l’image de ses diverses houles, vagues de mouvements de la mobilité artistique et agitations de la création contemporaine qui, sans cesse, interrogent notre monde, relèvent le défi de l’innovation.
Frontière à la fois emblématique et symbolique, le Mur de Berlin est certainement l’illustration la plus pertinente en ce qui concerne les préoccupations précédemment évoquées. 20 ans après sa chute, pouvons-nous réellement affirmer la disparition de toutes frontières mentales, culturelles, spirituelles, sociales, économiques…?
Comment les générations d’artistes ayant connu le mur et celles qui sont issues de « l’après » vivent, ignorent ou traitent ces situations ?

Au de-la d’une commémoration nostalgique, il s’agit davantage d’une réflexion sur notre société, notre quotidien, nos systèmes de pensées, de gouvernances et sur leurs capacités ou non d’aborder et de gérer le lendemain de la chute du Mur de Berlin.

Dimitri Konstantinidis
apollonia


Plusieurs « one-man shows » ont eu lieu simultanément dans différents lieux culturels strasbourgeois.

Artistes :
-Michael Bielicky et Kamila B. Richter (République Tchèque / Allemagne)
Façade du Musée Historique
Aneta Grzeszykowska et Jan Smaga (Pologne)
Chambre à Part
Ibro Hasanovic (Bosnie-Herzégovine)
Espace Insight
IRWIN (Slovénie)
Espace apollonia
Artur Klinov (Bélarus)
La Chaufferie, ESAD
Anila Rubiku (Albanie / Italie)
Institut Culturel Italien de Strasbourg
Kosta Tonev (Bulgarie)
Hôtel Victoria
Michael Bielicky et Kamila B. Richter
Columbus 2.0

Michael Bielicky et Kamila B. Richter

Michael BIELICKY « Columbus II », 2008

Columbus 2.0

Système interactif de navigation, Columbus 2.0 métamorphose les titres d’actualité du moteur de recherche Google en une véritable mer d’informations. L’illusion produite par le texte en 3D ondulant sur la façade nous renvoie à un univers maritime.

Véritables acteurs du processus artistique, les passant sont invités à diriger le gouvernail afin de naviguer à travers une pléthore d’informations, surgissant tel un tsunami inondant le monde de données informatiques.

De multiples langues apparaissent et disparaissent… Ce mouvement de flux et de reflux nous renvoie à notre propre histoire où la présence ou l’absence d’un langage se révèle un bon indicateur de la naissance, de la disparition ou même de l’extermination d’une culture.

Columbus 2.0 nous invite au voyage incertain d’une espèce humaine à travers le passé, le présent et l’avenir…

Aneta Grzeszykowska et Jan Smaga

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Aneta GRZESZYKOWSKA / Jan SMAGA « Plan. Krasinskiego 10/154 », 2003

Plan

Dans « Plan », l’espace est « reconstruit » par les artistes selon le plan architectural réel photographié d’en haut.

Cette perspective voyeuriste met en lumière l’essence d’un système d’un système autoritaire où l’individu et l’espace privé s’effacent devant le collectif et l’espace commun.

Le tout est de savoir si cette symbolique traverse le temps et reflète encore la main mise du pouvoir sur l’espace des libertés de l’homme, 20 ans après la chute du Mur de Berlin.

Ibro Hasanovic

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Ibro HASANOVIC « Defragmentation of movement », 2006

Impasse

Conçue spécialement pour « Fenêtres sur Mers. Mur de Berlin 20 ans après » et l’Espace Insight, l’exposition « Impasse » d’Ibro Hasanovic réunie des œuvres questionnant l’identité à travers les notions de limites et de frontières.

Dans cette exposition, les frontières sont considérées comme une impasse, un lieu sans issue, où aucune ouverture n’est envisageable et où l’individu se retrouve dans une position inconfortable. À partir de citations, d’installations, de vidéos et d’objets, Ibro Hasanovic tente une auto-définition de son identité, étroitement liée à celle des Balkans. Région fragmentée, complexe, discontinue, elle est partie intégrante de sa mémoire, ébranlée par l’histoire.

Les œuvres présentées sont avant tout le reflet d’une identité plurielle, évolutive et multiple, défendue par Ibro Hasanovic.

IRWIN

EAST ART MAP

Après une analyse critique de la situation des artistes et du système de création contemporaine dans les pays d’Europe Centrale et Orientale, le collectif IRWIN, en collaboration avec de nombreux artistes et critiques d’art, a imaginé « EAST ART MAP ».

Né d’une volonté de rupture avec un modèle systématisé de classification des artistes, en fonction de leur nationalité, « EAST ART MAP » a été conçu comme une véritable cartographie artistique avant tout basée sur une organisation novatrice, cohérente et unifiée.

Artur Klinov

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Artur KLINOV « Empire de paille », 2005

Empire de paille

Romancier, poète, vidéaste, sculpteur, éditeur, cinéaste… Artur Klinov conjugue et multiplie les formes d’expression nécessaire à la diffusion de ses idées, de ses concepts.

Ambiguïté des interprétations, des matériaux, l’artiste conçoit ses œuvres architecturales comme il appréhende la société.

Le caractère imposant de ces sculptures, érigées en quelques jours, nous rappelle des systèmes de contrôle de l’individu, de restriction de liberté, mais également la vanité d’un pouvoir en perpétuel quête de symbolisme.

La paille, matériel de base de l’installation présentée à la Chaufferie, nous donne également à réfléchir sur le thème des apparences. Véritable éclat d’or et de lumière, révélée par le soleil, elle n’est en réalité, qu’un simple amas de poussière, dépourvu de toute valeur.

Anila Rubiku

Being accepted

Véritable narration autobiographique, « Being accepted » est une mise en scène élaborée par Anila Rubiku, construite sur la base de contrastes d’ombres et de lumières, de confusion entre espace intérieur et extérieur, de construction et destruction.

Les visites régulières entre voisins, les liens forts qui unissent les habitants d’un même quartier, la solidarité, les journées de broderie entre amis… sont des éléments forts de la société albanaise, profondément gravés dans la mémoire de l’artiste. Refaisant surface lors du processus de création, ces souvenirs guident son cheminement artistique et dictent le choix des formes plastiques.

Si la lampe électrique éclaire ces maisons miniatures, elle met également en lumière, le temps d’une exposition, une vision plus authentique de la société albanaise.

Par l’approche anthropologique de ces créations, Anila Rubiku nous donne l’occasion de comprendre et d’appréhender l’Homme à travers son environnement, son habitation.

Kosta Tonev

The Switch

« The Switch est tiré d’une performance ayant eu lieu à Vienne. Au centre de l’action, un ancien bâtiment socialiste : « le Karl Marx Hof », construit entre 1927 et 1930. Sa structure fait plus d’un kilomètre de long et un acteur court sur toute sa longueur durant le coucher du soleil.

Ce qui me passionne, ce ne sont pas les objets eux-mêmes, mais l’histoire et le sens de la scène. Le Karl Marx Hof nous relate une époque utopiste, traduite par un style architectural particulier. Je ne m’intéresse pas uniquement à la représentation de cette vie utopique, mais aussi à la simple juxtaposition des mouvements physiques de l’acteur et de la transition entre la nuit et le jour. »

Kosta Tonev


Regards Projetés

Au cours de ces dernières années, notre association, apollonia, échanges artistiques européens, a mis en place un projet d’envergure présentant des œuvres de vidéastes issus de nombreux pays européens. Ce projet s’intitule «Regards projetés».

Dans le cadre de l’événement «Fenêtres sur Mers. Mur de Berlin 20 ans après», il nous paraît essentiel de montrer, parmi notre vaste sélection, quelques œuvres directement liées à la thématique abordée : les questions de frontière, de l’Europe, de l’identité, de l’altérité de l’artiste, de cliché de « l’artiste de l’Est » sont soulevées à travers une vingtaine de vidéos :

•    Ruth Bianco (Malte) Maryan & Rahma
•    Erik Binder (Slovaquie) Sunday Army
•    Pavel Braila (Moldavie) Gromkogovoriteli
•   Geta Bratescu et Alexandru Solomon (Roumanie) Earthcake
•    Kristine Briede (Lettonie) Eurowatching
•    Anton Cierny (Slovaquie) Song for Europe
•    Katia Damianova (Bulgarie) European Tongue
•    Zlatan Filipovic (Bosnie-Herzégovine) UAE resident
•    Temo Javakhishvili (Géorgie) Wall
•    Lia Lapithi Shukuroglou (Chypre) Should I stay or should I go now ?
•    Miodrag Manojlovic (Bosnie-Herzégovine) Ordinary
•    Miklos Mecs (Hongrie) Altkleider (A Central-Eastern European in Central Eastern Europe)
•    Vladimir Nikolic et Vera Vecanski (Serbie) How to become a great artist
•    Damir Niksic (Bosnie-Herzégovine) Europe has a serious problem
•   Reinis Petersons (Lettonie) Orangutan Spectre’s United Mens Choir
•    Artemis Raouna (Chypre) Greenline
•    Jozef Robakowski (Pologne) Videomasochisms
•    Stefan Rusu (Moldavie) Brejnev likes Mamaliga and Mamaliga likes Brejnev

Les œuvres ont été diffusées à :

Boutique Culture 10 place de la Cathédrale
du 13 au 23 mai  / ma-sa : 12h-19h
Stimultania 33 rue Kageneck
du 13 au 17 mai / 15h30-18h30
« La Vitrine » rue Prechter
du 15 au 31 mai / ve-di à partir de 22h
Palais Universitaire, Salle 27 9 place de l’Université
le mardi 26 mai à 18h

Les vidéos sélectionnées ont été montrées au public gratuitement.