Exposition
18 janvier – 08 février 2008
Espace apollonia, Strasbourg
Artistes : Werner Marxer & Hansjörg Quaderer
Commissaire de l’exposition : Gabriele Braun
Strasbourg est, après Washington, la deuxième étape d’une série d’expositions consacrées à des artistes du Liechtenstein à l’étranger. Suite à une initiative du Conseil culturel du gouvernement du Liechtenstein destinée à encourager les artistes locaux et à faire connaître l’art du Liechtenstein au delà de ses frontières, l’idée est née de parrainer des expositions qui reflètent le dynamisme du milieu artistique de la Principauté dans des villes comportant des représentations diplomatiques du Liechtenstein. Nous sommes très heureux d’être accueillis dans les locaux d’apollonia, l’association qui se consacre aux échanges artistiques en Europe. Pour cette exposition nous avons sélectionné des œuvres de Werner Marxer et de Hansjörg Quaderer.
Werner Marxer (*1950) est un homme en quête. C’est ce que prouve non seulement sa biographie mais aussi son œuvre, lorsqu’il s’agit de sonder la frontière entre le durable et l’éphémère, l’échange et l’isolation. Dans sa recherche d’idéal c’est, du moins au niveau formel, le carré qui apporte la clarté; cette forme aux proportions parfaites, équilibrée, sur laquelle Marxer appose d’un trait dynamique des contrastes puissants, la plupart du temps en blanc et noir. Il évite la toile. Des plaques de bois ou de métal offrent une résistance et représentent un défi. Il travaille en couches, il intervient dans le matériau. La couche de couleur comme porteuse de sens reste pour lui accessoire. Il la traverse doublement, vers le bas dans le fond et vers le haut avec des applications. Ce qui paraît être de la peinture est un mélange de plaques d’impression en relief et en creux, de collage, d’assemblage : Marxer est au fond graphiste et sculpteur et unit ces deux médias dans la peinture. L’important ici est la fugacité, l’aspect destructeur et le morbide. Il choisit consciemment des couleurs de moindre qualité, fixe négligemment les éléments. Il veut donner du temps aux tableaux, un espace pour le changement. Sa réflexion sur la vie et sur la mort et ainsi l’éphémérité y trouvent leur expression.
Les tableaux Zeitzeichen créés pour cette exposition sont une référence à l’œuvre Betrachtungen zur existenziellen Traurigket (Contemplation sur la tristesse existentielle) qui représente l’apogée de son travail sur Fernando Pessoa et son Livre de l’intranquillité, livre qui révèle des observations sur le monde, sur la destinée de l’homme, la confrontation à la propre personne et le mystère de la vie. Ainsi doit-on comprendre les tableaux Zeitzeichen comme des signes de temps, comme une tentative de compréhension d’itinéraires, comme focalisation sur ces réalités extérieures et intérieures élaborées et difficilement concevables.
Hansjörg Quaderer (*1958) décrit des peintures rupestres comme étant un cinéma préhistorique d’une dynamique énorme. Avant tout, les peintures animées, dessinées d’un trait ferme de la petite grotte de Santimamiñe au pays basque et les peintures rupestres spectaculaires de la Grotte Chauvet en Ardèche, lui ont laissé une impression profonde et ont été sa source d’inspiration pour sa Ockermalerei (Peinture en ocre) et sa pittura elementare (Peinture élémentaire).
Fasciné par cet art primordial, il a ressenti le besoin non seulement de s’immerger dans cette matière et de créer avec des moyens picturaux élémentaires une « peinture originelle », comme une sorte de séquence cinématographique, mais aussi de relier entre elles l’extension spatiale et la pigmentation forte, de capturer par un trait énergique et frais la magie qui émane des peintures rupestres et de la fixer sur du carton ondulé de deux mètres de haut et de cinquante-six mètres de longueur.
Le résultat représente des séquences puissantes d’une vitalité vibrante, de douze mètres de longueur chacune. Avec un minimum d’éléments compositeurs, un spectre de couleurs limité, ocre, noir et blanc, et avec des matériaux colorants moindres, Quaderer a atteint une intensité maximale et a ainsi tout réduit à sa quintessence absolue.
Dans ses textes créés au cours des années, ses cycles de poèmes et souvent dans des séries inachevées d’aquarelles, de dessins à l’encre de Chine ou au pastel, de tableaux acryliques, de séries de gravures sur bois et de lithographies, Quaderer unit force et matérialité, beauté et contemplation. Ses œuvres témoignent non seulement de son opiniâtreté dans l’étude d’un thème mais aussi de sa réflexion dans le choix des supports et des pigments. Jusqu’à aujourd’hui, l’élémentaire, le simple, demeurent pour lui à la fois une attirance et une affinité.
Gabriele Braun
Commissaire de l’exposition