Exposition
25 novembre – 30 novembre 2009
Dans le cadre de RENCONTRER L’EUROPE – ISTAMBUL
Artistes : Fikret Atay (vidéo) / Gul Ilgaz (photographie) / Servet Kogyigit (vidéo, photographie) / Nazif Topcuoglu (photographie)
Commissariat : Dimitri Konstantinidis
Comment aborder la création contemporaine turque en évitant clichés orientalistes et stéréotypes exotiques ? Comment appréhender cette terre si lointaine et si proche à la fois ?
« Tamam », mot magique concentrant à lui seul une myriade de symboles et de représentations de la société turque, est le titre du volet contemporain du projet « Rencontrer l’Europe – Istanbul ». Quatre artistes révélateurs de leur temps, de leur culture, nous invitent à travers leurs œuvres à découvrir et tenter de saisir quelques aspects de la scène artistique turque.
L’absurdité et le paradoxe caractérisent relativement bien les images de Servet Koçygit. Bien que fabriquées de toutes pièces, les compositions et installations qui nous sont proposées s’imprègnent des situations antinomiques que l’on retrouve au quotidien. Motherland en est une belle illustration. Avec humour et ironie, l’artiste met en scène cinq officiers et une danseuse orientale, portée à l’horizontale et bercée à la cadence militaire. Cette association interpellante nous amène à réfléchir sur l’ambiguïté, la complexité et la contradiction du pouvoir (en l’occurrence militaire) qui nous protège tout en nous surveillant.
Gül Ilgaz aime aborder dans ses travaux la dualité qui peut s’établir entre le passé et le présent. En y associant de nombreux éléments autobiographiques, elle pousse ses recherches photographiques aux racines de la multi-culturalité stambouliote à l’image emblématique des rives du Bosphore.
Jeunes filles plongées dans des ambiances et schémas purement imaginaires, mises en scène denses et complexes, sentiment étrange de familiarité et de renouveau, c’est avec un langage singulier et très référencé que Nazif Topcuoglu nous invite à revisiter l’histoire de l’art mondiale. Une démarche artistique unique qui nous interpelle et nous rappelle que les codes sont aussi là pour être dépassés, repensés.
Pour finir, nous avons souhaité présenter le travail de Fikret Atay. Originaire de Batman, il porte en lui ce subtil et fragile équilibre de la société turque, composite et mosaïque de minorités. C’est avec une forte acidité et un point de vue critique qu’il aborde, par le biais de sa courte vidéo Theorists, les thèmes de la jeunesse et de l’éducation religieuse. Un des fondements essentiels en Turquie, à l’origine de nombreuses controverses tant au niveau national qu’international.
Contradictions, incompréhensions nous amènent à nous questionner sur la contextualité de la création contemporaine, sur sa globalisation mais avant tout sur la survie des expressions et attitudes singulières.
Ces œuvres nous éclairent également sur nos interrogations occidentales, nos capacités de coexister avec des personnes de cultures différentes et de cohabiter pacifiquement sur la base de schémas citoyens qui restent peut-être à inventer.
Dimitri Konstantinidis