Exposition
Dans le cadre de Rencontrer l’Europe – Hongrie
Artistes : Tibor Gyenis, Zsuzsa Moizer, László László Révész, Ágnes Szépfalvi
Commissariat : Lóránd Hegyi, Dimitri Konstantinidis
Les pérégrinations artistiques de notre réseau, tournées plus particulièrement vers l’Europe centrale, orientale et ses zones périphériques, nous ont révélés clairement une agitation manifeste autour de la question de la mémoire, qu’elle soit collective ou individuelle. Cette quête quasi permanente, presque obsessionnelle du soi, se ressent dans de multiples horizons, mais elle se révèle prépondérante au sein du milieu culturel et artistique.
Comme si pour chacun le besoin de saisir et de comprendre l’histoire, parfois tumultueuse, de son pays, se révélait être une clef indispensable dans l’appréhension et la construction de sa propre identité ; comme s’il devenait désormais urgent d’interroger et de mettre en lumière ce lien complexe et réciproque qui existe entre le contexte et l’identité des personnes évoluant en son sein.
« Fiction d’identité », volet contemporain du projet « Rencontrer l’Europe – Hongrie » réunit des œuvres d’artistes sensibles aux questions multiples et diverses de l’identité.
Que se soit László László Révész, Ágnes Szépfalvi, Zsuzsa Moizer ou Tibor Gyenis, tous s’interrogent sur la frontière extrêmement fragile et subtile qui existe entre d’un côté la fiction, le fantasme, le désir, et de l’autre la réalité engendrant l’objectivité identitaire.
Animalité, hybridation, corps défiant toute loi naturelle, personnages impliqués dans des scènes de fiction quotidienne, inspirés par les médias et le cinéma, immergés dans des produits et objets de consommation…. On voit se développer, alors, tout un système d’expression corporelle, mais aussi une représentation et une mise en scène sociale et environnementale.
En se servant de différents médiums, peinture, dessin, aquarelle et photographie, les artistes expriment une volonté commune de raconter leurs histoires, leurs identités mais aussi leurs désirs d’agir sur le monde et la société. Ainsi, malgré des apparences parfois anodines, ces œuvres aux multiples interprétations sont très critiques dans ce qui lie le soi à la religion, la sexualité ou encore la féminité, comme ont pu le faire par exemple Zsuzsa Moizer et Ágnes Szépfalvi.
De même les photographies de Tibor Gyenis aux allures drôles et humoristiques dénoncent fortement l’uniformisation de l’individu, la tendance de modélisation et de starisation du monde qui nous entoure.
C’est également l’engagement de László László Révész, dont les dessins questionnent le statut et l’aspect séducteurs de l’œuvre, à l’image d’une société incapable d’aller au fond des choses.
Loin de toute prétention consistant à définir un quelconque style ou une tendance artistique Hongroise, ces œuvres, réunies dans le cadre de «Fiction d’identité», sont avant tout porteuses d’histoires. Narrations intimes, fictions traumatisantes, récits sont autant de pistes explorées par ces artistes, qui, par le biais de la mise en scène, ont apporté leurs regards sur les champs multiples que couvrent la question générale d’identité.
Dimitri Konstantinidis